En dehors du confucianisme, le taoïsme est probablement l'école de pensée la plus importante avec le plus d'influence dans la vie courante en Chine. En contraste presque direct avec la gravité solennelle et les responsabilités sociales endémiques aux idéaux confucéens, où la rectification des actions et des interactions humaines est primordiales, les taoïstes valorisent la contemplation du monde naturel. Dans ce monde, l'homme n'est pas une figure centrale mais presque accessoire. Le taoïste délaisse souvent la société et les affaires du monde pour embrasser le Tao ou la « Voie », pour mieux se mettre en harmonie avec le flux de la nature et pour percer les voiles d'illusion et d'artifice que les civilisations humaines, avec leurs nombreuses facettes et complexités, semblent se tisser constamment.

Ces deux écoles de pensée, le confucianisme et le taoïsme, s'opposent donc. Chacun exprime un aspect différent de la psyché chinoise. Alors que Confucius voudrait nous faire vivre dans le monde ordonné des relations humaines mondaines, les taoïstes nous offrent un monde plus mystique et transcendantal de l'esprit et nous promettent un aperçu plus approfondi des principes qui sous-tendent le fonctionnement même de l'univers lui-même. Le taoïsme met l'accent sur l'harmonisation de l'esprit et du corps afin de s'adapter à l'ordre naturel.

Lao Tseu, le fondateur légendaire du taoïsme, était un contemporain plus âgé de Confucius. Des histoires anecdotiques racontent au moins une rencontre entre les deux géants philosophiques, Confucius revenant perplexe et quelque peu impressionné par son aîné, comparant Lao Tseu à un "Dragon qui vole parmi les nuages". On ne sait pas grand-chose de Lao Tseu concrètement, mais il existe de nombreuses légendes et histoires le concernant. On raconte qu'à 160 ans, il décide de démissionner de son poste de gardien des archives de la cour de Chou à Loyang et de se retirer dans la paix, la solitude et la contemplation. Alors qu'il partait, un gardien a imploré le sage de bien vouloir composer un livre réunissant ses enseignements afin qu'ils ne périssent pas lorsque Lao Tseu se retirera du monde. C'est alors que Lao Tseu a écrit le traité classique et central du taoïsme à 5000 caractères, le Tao Te Ching. Ouvrage court et hautement mystique, il ne comprend que 81 chapitres de vers.

Tao Te Ching

Les enseignements de Lao Tseu sont basés sur un grand principe sous-jacent, le Tao ou "Voie", qui est la source de tout être. Grâce à la compréhension de ce principe, toutes les contradictions, divisions et distinctions de notre existence sont finalement résolues. Ce principe ne peut être compris qu'intuitivement. Saisir le Tao intellectuellement ou par une procédure rationnellement dérivée est inutile. Le Tao est et doit toujours rester essentiellement au-delà de la capacité humaine de le décrire et ne peut être pleinement compris qu'à travers une sorte de transformation mystique et interne. Cette transformation intuitive supprime simplement les obstacles qui obscurcissent notre conscience et nous relie une fois de plus à notre intuition originelle qui nous permet de voir clairement et de comprendre le fonctionnement et les merveilles du cosmos. Le taoïsme ne cherche donc pas à faire avancer l'homme vers un nouvel état d'être, mais simplement à le ramener à sa conscience originelle et naturelle. Le mode de vie que l'on atteint après l'union avec le Tao est souvent caractérisé par une sorte de passivité cédante, une absence de conflit et de coercition et une manière d'agir qui est totalement sans effort, sans artifice et spontanée.

Taoïsme et Tai Chi Chuan

Les origines du Taoïsme et du Tai Chi Chuan sont entourées de mystère. Chang San-Feng, le légendaire créateur du Tai Chi et Lao Tseu, le fondateur du taoïsme, étaient-ils des figures mythiques ou de véritables personnages historiques? Avaient-ils existé et créé en tant que génies singuliers ou leurs arts et héritages respectifs étaient-ils le résultat d'un effort combiné de nombreuses personnes talentueuses et perspicaces dont les efforts collectifs, au fil du temps, se sont vu attribuer une origine plus grandiose ? Bien que nous ne soyons peut-être jamais en mesure de répondre pleinement à de telles questions, au fil des ans, une chose est certaine : beaucoup a été fait du lien du Tai Chi Chuan avec la philosophie taoïste.

Bon nombre des plus grands contributeurs au développement du Tai Chi Chuan étaient des hommes simples, pas nécessairement bien versés dans les diverses écoles philosophiques et littéraires de leur époque. Très probablement, il manquait l'alphabétisation requise pour lire les textes saillants du taoïsme et les volumineux commentaires sur ceux-ci. Pourtant, le Tai Chi Chuan a peut-être la plus grande tradition littéraire associée à une pratique martiale à ce jour. Ce paradoxe est résolu par l'adoption éventuelle de l'art par des personnalités plus savantes au fil du temps. On sait que le Tai Chi Chuan était tenu en haute estime à la cour royale (peut-être grâce aux efforts du patriarche du Tai Chi de la famille Yang, Yang Lu Chan). Il est raisonnable de supposer que les lettrés chinois étaient à la fois fascinés et impressionnés par la perfection sans effort de l'art. Ces praticiens plus savants auraient pu facilement conclure que les principes sous-jacents au Tai Chi étaient en parfait accord avec le Tao Te Ching. Les exemples sont nombreux. Le Tao Te Ching semble refléter philosophiquement les mouvements physiques et les compétences qui sous-tendent l'art du Tai Chi. Cela semble presque une amorce en soi lorsque l'on lit le texte :

Verset 22 : C'est pourquoi les anciens disent : « Cédez et vainquez. /Est-ce un dicton creux ?

Verset 43 : La chose la plus douce de l'univers/ Surmonte la chose la plus dure de l'univers.

Verset 76 : Les durs et les forts tomberont/ Les doux et les faibles les surmonteront.

Verset 78 : Le faible peut vaincre le fort ;

Le souple peut vaincre le raide.

Sous le ciel tout le monde le sait,

Pourtant personne ne le met en pratique.

Ces vers illustrent le principe central du Tai Chi Chuan : céder à la force de l'adversaire. Un autre verset (26) déclare :

Le lourd est la racine de la lumière ;

L'alambic est le maître de l'agitation.

Etre lumière, c'est perdre ses racines.

Être agité, c'est perdre le contrôle.

Un avertissement concernant l'enracinement et l'équilibre ainsi qu'une stratégie, c'est un bon conseil pour l'adepte du Tai Chi Chuan. Ces concepts trouvent leur miroir dans le Cantique des 13 Postures :

Être immobile, lorsqu'il est attaqué par l'adversaire

Soyez tranquille et bougez dans le calme

Mes changements causés par l'adversaire l'émerveillent

Le verset 36 du Tao nous propose :

Ce qui rétrécit/ Doit d'abord s'étendre.

Ce qui échoue / Doit d'abord être fort.

Ce qui est abattu

Doit d'abord être élevé

Les expositions d'aperçus de Wu Yu-hsiang sur la pratique des 13 postures relatent :

Cherchez d'abord l'extension, puis la contraction ; alors cela (les mouvements) peut être fin et subtil.

La référence à l'utilisation d'une force musculaire excessive et dure (li) équivalant à l'échec de sa technique est également courante dans la littérature sur le Tai Chi. Le Tao Te Ching illustre ce concept avec les vers (versets 30 et 55) : « La force est suivie d'une perte de force » et « Si trop d'énergie est utilisée, l'épuisement suit. » De toute évidence, ce sont des références à une force dure et inflexible dont l'utilisation ne correspond pas aux énergies chi habiles et vives cultivées par le praticien de Tai Chi Chuan.

En ce qui concerne la stratégie, l'axiome taoïste "Ce qui est abattu doit d'abord être relevé", équivaut à soulever ou à sectionner la racine de l'adversaire avant de décharger de l'énergie contre lui lors des applications. Le verset 15 nous demande : « Qui peut rester immobile jusqu'au moment de l'action ? Cela amène Wu Yu-hsiang à réfléchir dans Expositions : « Il est dit : « Si les autres ne bougent pas, je ne bouge pas. Si les autres bougent légèrement, je bouge en premier. » Comment doit-on structurer son jeu de jambes pendant le combat ? Le verset 41 du Tao suggère : « Avancer semble être une retraite », tandis que Maître Cheng explique dans Le Chant de la forme et de la fonction : « Quand le pied veut avancer/Déplacez-le d'abord vers l'arrière. » Dans son application en tant que geste d'attaque, la posture "Reculer et repousser le singe" incarne cette méthode de jeu de jambes "avancer en reculant apparemment".

Qu'en est-il du plus haut niveau de l'art du Tai Chi Chuan ? Le verset 41 du Tao déclare : « La plus grande forme n'a pas de forme. Pour le pratiquant de Tai Chi, cela pourrait être considéré comme le but ultime : un état dans lequel les principes sous-jacents sont si profondément enracinés que la forme elle-même devient sans importance. Là où l'esprit mène, l'énergie se manifestera naturellement de manière spontanée et appropriée. Dans le Tai Chi Chuan Ching de Chang San-Feng, il dit simplement :

Haut ou bas

Avant ou arrière

Gauche ou droite, un tout, le même.

Un maître plus contemporain, Cheng Man Ching dans son Song of Form and Function nous propose :

Non neutralisant, il neutralise naturellement,

Ne cédant pas, il cède naturellement…

Dans les mains poussées…/Tout le corps est une main

Et la main n'est pas une main.

Mais l'esprit doit rester

A la place qu'il devrait être.

Le Tai Chi Chuan et le Taoïsme sont inexorablement liés. Le Tai Chi est une représentation physique des idéaux taoïstes, l'insaisissable rendu saisissable par des principes physiques dont le mouvement même reflète le mouvement du Tao lui-même.

Ci-dessous, un temple taoïste à Penang

Au fur et à mesure que j'ai progressé dans la pratique du Tai chi, j'ai découvert un certain nombre de choses : Outre la fantastique conscience corporelle, toutes les parties du corps acquièrent une interconnexion et la respiration embryonnaire devient un catalyseur contraignant qui réveille la vie dans un corps qui avait dormi avant de découvrir le Tai-chi, ma conscience a également été dotée de fabuleuses découvertes.
Ce sont pour la plupart des découvertes abstraites, difficiles à expliquer avec des mots...
Certaines de ces découvertes sont des prises de conscience que certaines vérités universelles existent et la confirmation de leur existence est ressentie à un niveau profond, un niveau que l'on pourrait placer dans le royaume de l'alter-ego, son propre miroir.

Les treize postures, l'une des séquences de mouvements les plus anciennes, que j'en suis venu à appeler le pont entre le Qi Gong et le Tai chi chuan, a été pour moi une grande source de connaissances :
Tout d'abord, pour atteindre plus de clarté, il faut bien synchroniser la respiration avec les mouvements, tout en étant bien détendu. Après un certain nombre d'années de pratique, j'ai réalisé que ce n'est que lorsque j'ai vraiment atteint le point de relaxation profonde que j'étais capable d'atteindre la synchronisation appropriée entre ma respiration et les mouvements. Nous pensons souvent que nous faisons les choses correctement mais il y a un moment où nous « savons » quand quelque chose est juste et cela est beaucoup mieux compris lorsque nous pouvons nous détendre suffisamment car nous atteignons le silence intérieur nécessaire qui à son tour permet à nos antennes de découvrir d'autres niveaux de conscience qui existent dans notre subconscient mais sont généralement supprimées.
Le fait qu'un mouvement soit suivi d'un autre est ce que nous voyons et ressentons lorsque nous apprenons un Duan ou une séquence de mouvements. Mais que se passe-t-il dans les transitions entre deux mouvements ? Nous ne pouvons pas le localiser si nous ne nous sommes pas suffisamment détendus. Du point de vue chinois, les mouvements eux-mêmes sont l'élément Yang et la transition entre eux est l'élément Yin. Le Yin est le liant, le composant caché, l'huile qui fait tourner le moteur, la nuit qui laisse sentir le jour, le rêve qui laisse exister la réalité. La femme qui laisse l'homme être un homme et vice-versa, le lieu où naît une plume d'oiseau, qui finira par faire voler l'oiseau, le poisson nager et le serpent planer.
Même si nous ne pouvons pas voir ou localiser l'élément Yin dans nos vies, même si l'élément Yang est toujours en première page, l'élément Yin possède les ingrédients intuitifs et subtils qui nous manquent de nos jours. La respiration, le mouvement et la relaxation deviennent nos outils et la méditation s'épanouira lorsque les outils seront correctement alignés et utilisés avec un cœur ouvert. Nous redécouvrirons la connexion à la terre où nous nous tenons et où nous effectuons nos mouvements, nous finirons par reconnaître le dessin magique sous nos pieds. Partout où nous nous déplaçons, un nouveau design se développera.
Après un temps d'apprentissage du Yang, les mouvements s'enfonceront dans notre corps et seront suffisamment assimilés pour que le Yin puisse s'épanouir et que le serpent en nous puisse sortir de sa tanière pour être béni par le soleil alors qu'il montre sa beauté, se reposant sur le rocher tout en il scrute l'horizon pour s'imprégner de sa sagesse.
L'horizon est la ligne de transition entre la terre et le ciel, la nuit et le jour, la tristesse et le bonheur, notre moi intérieur et notre moi extérieur, la vie et la mort, et bien sûr, le Yin et le yang, qui incluent tout dans l'univers….

-1975-1976 à Oaxaca, Mexique avec Maître Raúl Herrera de la Vega :
Exercices de base et séquence du style Yang simplifiée en 24 mouvements

-1980-81 à Olympie, Wa. avec Maître Huang Wen-Chih :
Exercices de base et mouvements de Lao jia (Vieille école)

-1982-84 à Paris avec Maître Zheng Yi Li (Charles Li)* :
Exercices de base
Exercices de Qi-Gong statiques et en mouvement (enracinement)
La séquence Ba Men Shi San Shi (13 postures)
Le premier douane, (35 mouvements) de la séquence Yang Pai Lao Jia,
Yangjia michuan taiji quan (école yang traditionnelle)
Tui-Shuo (pousser-mains)

-1986 à Yokohama-Shi, Japon avec Maître Akiko Nakamura :
La séquence d'épée de 32 mouvements

-1993-98 Xalapa, Ver. Mexique avec Maître Jose Luis Vallejo V :
La séquence Qigong du Ba Duan Jin (Huit Brocarts de Soie)
La séquence du style Yang ‘traditionnel’
La séquence du style Yang simplifiée en 24 mouvements
La séquence de compétition de 40 mouvements
La séquence de compétition de 42 mouvements
La séquence d'épée de 32 mouvements

1998-99 à New York avec Sifu Sai Ying-Lin :
La séquence de style Yang simplifiée en 24 mouvements
La séquence de compétition de 42 mouvements
La séquence de style Yang simplifiée en 48 mouvements
La séquence d'épée de 32 mouvements
La séquence d'épée de 42 mouvements

Ateliers intensifs :

Le deuxième douane (71 mouvements) de la séquence Yang Pai Lao Jia et Tui-Shuo avec
Maître Serge Dreyer à Toulouse, France
Tui-Shuo et Qigong avec Maître Raúl Herrera de la Vega à Oaxaca, Mexique
La séquence de compétition de 42 mouvements avec un ancien champion d'arts martiaux
de la République de Chine, par l'intermédiaire de l'Association mexicaine des arts martiaux, Mexico.

Enseignement et accompagnement pédagogique :

À Paris
À Xalapa, Ver. Mexique
À New York
À Stockholm

Prix :
M.G.V. a remporté la médaille du premier prix au Championnat 2000 d'arts martiaux du nord-est des États-Unis à New York

* Un disciple de Maître Wang Yen Nien, qui a présidé l'association de Taiji Quan à Taïwan, et qui, comme Chen man Ching, était un disciple de Maître Chang Quin Lin.